Un jour, je me suis posé cette question : quel est mon leitmotiv ? C’était une réflexion que je voulais sur mon travail en tant qu’infirmier. Je venais de finir trois années d’études et tant de rencontres. Je ne savais pas qu’en commençant ce travail par cette question, j’allais non pas simplement écrire sur un sujet mais que je devrais plonger profondément en moi et commencer par y découvrir une faille. À cette époque de ma vie, c’est donc avec beaucoup de candeur que je répondais à cette question par l’homme avec un grand H, l’homme dans toute son équivoque. Je ne savais pas encore en ce temps-là, le chemin à parcourir que déjà, je percevais que c’était l’humanisme qui se trouvait au centre de mes préoccupations et tout au long de ce parcours d’études. Le paradoxe, c’est que dans cette quête, cette humanité espérée était comme une absente. Vous cherchez un humain et vous rencontrez votre solitude.

Il y a tout un champ des soins qui s’intéressent à nos pulsions et à cette mécanique biologique en tant que lutte légitime pour la survie. J’avais étudié l’art de soigner. Aussi aujourd’hui, si je réfléchis ce motif, c’est avec le sens de pattern humain, quasi à la manière d’un peintre ou d’un musicien. L’art a ceci de sublime, qu’en soit bien que profondément technique, il s’offre à nous sans rien nous demander que notre attention. Il ne touche sans nous agripper et en l’espace d’un éclair vous savez où se trouve votre humanité, cette essence qui vous fait sentir être vous, vous venez d’être touchés en plein cœur.

Je venais de prendre conscience qu’à la suite de mes études, je me dédierai à nourrir l’homme. Mais saurais-je me nourrir de ce qui fait homme ? Il ne s’agit pas d’être dupe de ce que le monde peut offrir, il s’agit de pouvoir tout transformer comme le ferait un jardinier qui composte et cela pour nourrir ceux à quoi nous avons tout ce quotidien. L’Existential Art of Care est né de ses réflexions et de la rencontre de l’art infirmier et de l’analyse existentielle de Viktor E. Frankl.